Sou-Portugal

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Le goût du Sumol

Lorsque nous partions en vacances, en Août, c'était pour rejoindre pour 4 ou 5 semaines (soit la durée totale des congés payés) un coin derrière les montagnes que mon esprit d'enfant identifiait au Portugal.

"Mon Portugal" se situait au Nord-Est du pays éponyme. Il était cette destination tant rêvée tout au long de l'année, tant attendue tout au long d'un voyage qui durait parfois jusqu'à 24 heures, tant espérée tant elle était associée à des visages que nous emportions avec nous dans nos mémoires pendant les onze précédents mois.

Bien plus qu'une destination de vacances, nous fantasmions complètement le lieu et les personnes y vivant. Je m'inventais, moi, des histoires rocambolesques sur le moment du départ et sur le voyage qui s'en suivrait et je préparais assidûment l'ensemble des choses que je souhaitais emmener avec moi. Cela me permettait sans doute de rendre l'attente plus supportable et cela apportait un éclairage nostalgique à la situation ; cette nostalgie qui habite encore aujourd'hui dune manière si particulière les composantes de la communauté portugaise répartie de par le monde.

L'arrivée sur place s'avérait tellement joyeuse qu'elle effaçait instantanément la fatigue du voyage et les mois d'attente et qu'elle repoussait à un terme qui semblait improbable une date de retour pourtant déjà fixée.

Il n'y avait pas grand chose à faire sur place. Pour ceux comme moi qui se rendaient dans un village perdu entre les montagnes et à des dizaines de kilomètres d'une petite ville, les journées se résumaient à faire passer le temps en discutant avec des amis sur place, en visitant la famille, en faisant la sieste, en participant oisivement aux activités des grands-parents et des cousins.
Le climat n'était pas non plus bienveillant. Le soleil posait sur la région une sorte de chape qui nous empêchaient de sortir dans l'après-midi. Nous sortions alors en fin de journée et jusqu'à l'heure du dîner où le cocon de la maison familiale nous attendait.

Avec le recul des années passées, il s'agissait d'un confort bien relatif. Les vacances d'alors n'avaient rien de commun avec ce qu'on peut envisager aujourd'hui. Mais ce furent des étapes régulières pour toute une génération et qui ont tissé un lien particulier et indestructible avec les gens et les endroits. C'étaient des moments d'un bonheur tellement simple qu'il en était intense.

Quand, aujourd'hui, je suis là-bas et que je ferme les yeux, je sens et j'entends comme une réminiscence de la vie d'alors. Les odeurs n'ont pas changées. Les bruits, eux, sont différents. Mais en puisant dans les souvenirs on devine presque le son des chariots tirés par les mules ou les paroles des anciens. Je ressens les mains de ma grand-mère et la voix de tous ceux qui sont partis désormais.

C'est une époque de l'enfance qui fait partie, elle aussi, de l'inaccessible. Parfois pourtant un détail vient ranimer tout cela alors qu'on ne s'y attend pas. Une simple gorgée d'une boisson qu'on buvait alors et c'est une déferlante d'images qui vous percute de plein fouet et vous vous sentez obligés d'en reprendre une autre gorgée comme pour vous imprégner le plus profondément possible de cette aubaine qui vous est donnée à vous remémorer les temps passés.

C'est le goût du bonheur, le goût de l'innocence, le goût de la simplicité. C'est le goût du Sumol.

  

 



05/02/2018
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