Sou-Portugal

Si je tourne la tête, un tant soit peu, me voilà plongé dans une ambiance que je croyais effacée de ma mémoire.

Il aura suffi de quelques gouttes de pluie, de l’odeur de la chaussée mouillée et de l’éclairage gris et froid de l’hiver qui résiste pour que les souvenirs jusqu’alors enfouis au plus profond de mon enfance refassent surface dans un silence tonitruant.

Je me laisse alors glisser sur les rails qui portent mon esprit et celui-ci, guidé par ma respiration attentive et régulière, revisite les émotions de l’enfant que j’étais.

L’odeur de l’hiver, la sensation des bouts de chaussures mouillées par la pluie récoltée lors des récréations. Les heures de classes dans les salles surchauffées et le retour, le soir, à la maison dans l’inconscience de l’enfance et la présence rassurante des parents et de ma sœur.

Que n’étais-je alors conscient de tout cela ? Que ne sommes-nous pas au fait, lorsque nous sommes plus jeunes, des souvenirs que nous forgeons et qui, plus tard, alimenterons nos adultes ?

Ces instants que, parfois, nous vivions avec l’ennui de la routine sont éclatants de nostalgie sous l’éclairage des années passée et notre esprit, semblable aux papiers jaunis qui surgissent des vieux livres que l’on s’apprête à vendre à la brocante, affiche fièrement les reliques qu’il avait conservées précieusement.

02/02/2016